Le Canada refuse d’adhérer au Comité du Patrimoine immatériel de l’UNESCO

Pourquoi la ceinture fléchée de L’Assomption ne fait pas partie du patrimoine immatériel de l’humanité? Pour la simple et bonne raison que le Canada a refusé et refuse toujours de signer la convention de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) même si cette dernière n’offre que des avantages.

Créée en 2003, cette convention rassemble aujourd’hui 470 traditions culturelles immatérielles menacées de disparition où vous ne retrouverez pas le katajjaniq mieux connu sous le nom de chant de gorge inuit, le tissage de la catalogne au Québec ou encore le fléché – cette technique de tissage aux doigts qui relève du domaine de l’artisanat traditionnel et des métiers d’art – désigné élément du patrimoine immatériel par le gouvernement du Québec le 26 janvier 2016.

Pourquoi le Canada refuse donc d’être partie prenante du Comité du Patrimoine culturel immatériel qui regroupe plus d’une centaine d’États? Pourquoi le Canada refuse-t-il de siéger au Comité qui se réunit annuellement pour évaluer différentes candidatures et ensuite décider d’inscrire ou non les pratiques et expressions culturelles du patrimoine immatériel proposées?

Dans une entrevue accordée par Laurier Turgeon au chroniqueur Mario Girard de La Presse, le professeur titulaire de la Chaire de recherche du Canada en patrimoine ethnologique de l’Université Laval offre une perspective plus qu’intéressante.

Patrimoine et politique

M. Turgeon explique qu’en 2002, au moment de mettre sur pied cette convention, le Canada était très emballé par le projet de l’UNESCO. Puis, le gouvernement de l’époque, les libéraux de Jean Chrétien, a demandé des avis juridiques. Soudainement, l’adhésion du Canada a été reléguée aux oubliettes.

« Je ne comprends pas qu’on ne signe pas cette convention. Il n’y a que des intérêts, pas d’inconvénients. Il est prouvé que les pays qui inscrivent des biens immatériels jouissent d’un rayonnement accru. Cela fait aussi augmenter le sentiment d’appartenance des habitants pour leurs coutumes et ça vient renforcer la diversité culturelle à l’intérieur des pays signataires », a confié Laurier Turgeon.

À force d’attendre et de ne rien faire, c’est notre mémoire qui disparaît à petit feu.  – Mario Girard

Selon lui, ce refus pourrait s’expliquer par une crainte de voir les peuples fondateurs procéder à de nouvelles revendications territoriales, ce à quoi s’ajoute la peur du Canada anglais de voir cette liste nourrir une certaine forme de nationalisme québécois.

Pour l’ethnologue, il ne fait aucun doute que la course de canots sur glace, la technique de ceinture fléchée, le travail du cuir, plusieurs musiques et danses folkloriques, la tradition orale ou tout ce qui touche aux produits de l’érable pourraient facilement figurer sur la liste de l’UNESCO.

Encore une fois, le Canada nuit à la reconnaissance du patrimoine québécois. Malheureusement, ce n’est pas demain que la ceinture fléchée de L’Assomption va rejoindre le carnaval d’El Callao, au Venezuela, la Charrería, tradition équestre au Mexique, l’artisanat traditionnel du tapis mural en Roumanie et en République de Moldavie ou le théâtre de marionnettes de la Slovaquie et de la République tchèque.

Rappelons que la ceinture fléchée de L’Assomption étant une partie importante de notre histoire, elle fut nommée élément du patrimoine immatériel de la municipalité en avril 2017.