Le gouvernement Trudeau vient de trahir et sacrifier le Québec pour conclure un traité de libre-échange injuste qui favorise, encore une fois, l’Ontario. En permettant une autre brèche dans la gestion de l’offre, Ottawa impose à nos producteurs de lait des pertes de revenus importantes qui équivalent à un mois de travail.
Il ne pouvait pas y avoir pire entente pour les producteurs laitiers. — Bruno Letendre, président des Producteurs de lait du Québec au sujet du traité qui vient d’être conclu (Radio Canada, 1er octobre 2018).
Il faut savoir que tant dans la circonscription de Repentigny que dans l’ensemble du Québec, la production laitière représente la majorité des revenus à la ferme. Nos producteurs peuvent survivre et transmettre la ferme familiale à la génération suivante grâce à un système appelé « gestion de l’offre ».
En gros, le gouvernement réglemente la production pour qu’elle réponde à nos besoins, sans surplus, et réglemente les prix pour que nos producteurs couvrent tous leurs coûts de production et puissent vivre de leur labeur, sans subvention.
Le Québec, une monnaie d’échange
Or, depuis quelques années, le gouvernement fédéral se sert de nos producteurs laitiers comme monnaie d’échange lorsqu’il négocie des accords commerciaux. Tant avec l’Europe que la zone Asie-Pacifique, Ottawa a accordé à des producteurs étrangers une partie de notre marché laitier, auparavant couvert par nos propres producteurs. Pire : après les avoir abandonnés, il refuse de les compenser. Le Québec a perdu une ferme par jour l’an dernier.
Avec le présent accord, le Canada ouvre 3,59 % du marché du lait et des produits laitiers aux Américains. L’ouverture de notre marché totalise maintenant 8,79 % si on tient compte des 2 % qui ont été cédés dans le traité avec l’Europe et les 3,2 % du Partenariat transpacifique (PTP).
Les producteurs produisent du lait tous les jours donc, 9 % de 365 jours. Les producteurs ont perdu 27 ou 28 jours de leurs revenus. — Bruno Letendre, président des producteurs de lait du Québec (Radio-Canada, 1er octobre 2018).
Après l’Europe et l’Asie, c’est maintenant au tour des États-Unis de Donald Trump de pouvoir grignoter notre marché laitier grâce au gouvernement Trudeau qui a préféré protéger l’industrie automobile ontarienne plutôt que nos producteurs.
Dans ce dossier, il faut être conscient que plusieurs pays se trouvent en surproduction laitière et cherchent des moyens de contourner la fermeture de nos frontières que prévoit le système de gestion de l’offre et ainsi pouvoir exporter leurs surplus chez nous. Ils développent donc continuellement de nouveaux produits à base de lait, mais qui ne seraient plus considérés comme des produits laitiers au sens des accords commerciaux ou de la loi sur le tarif des douanes.
États-Unis et lait aux hormones de croissance
Contrairement à chez nous, les États-Unis ne réglementent pas la production laitière. Les mégafermes industrielles y produisent toujours plus même si la consommation n’augmente pas. En plus de tuer les fermes familiales, ces industriels du lait sont aux prises avec d’énormes surplus qu’ils écoulent en bas du prix coûtant et le gouvernement américain les compense avec d’énormes subventions.
Il y a d’excellents fromages américains et, sur certains aspects, les fermes laitières familiales du Vermont, du Wisconsin ou du nord de l’État de New York peuvent se comparer aux fermes québécoises. Cependant, elles sont en déclin face au modèle californien des fermes de 1000 vaches ou plus, en milieu semi-aride, opérées par des travailleurs illégaux sous-payés et produisant du lait aux hormones de croissance. — Simon Bégin, Porte-parole de L’Institut Jean-Garon
L’an dernier, les surplus pour le seul état du Wisconsin équivalaient à la totalité de la production québécoise. S’ils en viennent à écouler ces surplus chez nous en bas du prix coûtant, les mégafermes américaines tueront notre agriculture. Garder les frontières fermées à ce dumping de lait aux hormones est une question de vie ou de mort pour notre agriculture et l’occupation de notre territoire rural.
En ce moment, le Québec doit se lever d’un bloc pour dire non. Pour ma part, je vous assure que le Bloc québécois ne ménagera pas ses efforts pour dénoncer cette injustice.