Quand Justin Trudeau parlait de sunny ways (les voies ensoleillées), il ne pensait sans doute pas à la situation des médias au Québec. Il y a quelques années, la circonscription de Repentigny comptait trois journaux locaux, l’Hebdo Rive-Nord, L’écho de Repentigny et L’écrivain public. Avec la crise des médias, deux de ses journaux ont disparu et il n’en reste qu’un seul.

Quand Transcontinental a commencé à fermer ses journaux locaux, le gouvernement fédéral a fermé les yeux. À cet effet,  l’Hebdo Rive Nord a heureusement trouvé preneur et est passé aux mains de Lexis Médias. Quand le Devoir a commencé à crier à l’aide, Ottawa n’a rien fait. Quand la Presse s’est ramassée au bord du gouffre, Ottawa a bougé à peine. À peine. Reconnaître un journal comme un OBNL et comme un organisme de charité, ce n’est pas ce qui va assurer sa survie à long terme. Concéder des crédits d’impôt sur la masse salariale à des entreprises qui mettent à pied leur monde, ce n’est pas LA solution non plus.

Et maintenant que nos principaux journaux régionaux sont menacés de disparition, Ottawa, une fois de plus, ne bouge pas le petit doigt. Dès que Capitale Médias a déclaré faillite, le gouvernement du Québec a agi. Il fallait une aide d’urgence afin d’assurer que ces journaux continuent à nous informer jusqu’à ce qu’ils soient acquis par un autre joueur et notre gouvernement, celui du Québec, a dit : « vous pouvez compter sur nous ». C’est ce qu’il fallait faire. Bravo!

Et pendant ce temps, où est Ottawa? Où est l’argent d’Ottawa, cet argent que nous envoyons -que vous envoyez-  à Ottawa? Eh bien! Il est resté à Ottawa.

Les concurrents de nos journaux, les Facebook et autres réseaux sociaux qui vont chercher des revenus publicitaires aux dépens de nos médias écrits, ont droit à des congés de TPS et autres cadeaux du fédéral. Ça ressemble étrangement à de la concurrence déloyale.

Les libéraux et les conservateurs prétendent que les Canadiens et les Québécois ne veulent pas de nouvelles taxes. D’accord, mais il faudrait tout de même s’assurer que les taxes existantes s’appliquent équitablement et ce n’est pas le cas.

La crise des médias est une crise démocratique. Nos régions ont droit à une information de qualité, fiable, diversifiée et provenant de différentes sources. Ils en ont besoin. Plus nous avons de sources d’information, plus nous sommes informés, mieux notre démocratie se porte. Les médias nous permettent d’avoir les outils nécessaires pour nous forger une opinion, pour développer des connaissances, pour étendre notre compréhension des enjeux qui nous touchent. Ils contribuent au développement du sentiment d’appartenance à une communauté, à une nation.

Le gouvernement du Québec peut proposer des solutions efficaces pour soutenir nos journaux, mais il y a malheureusement des limites à son champ d’action puisqu’Internet ne relève pas de ses compétences. On se retrouve donc avec un gouvernement, celui du Québec, qui agit avec une portée limitée (mais efficacement) et un gouvernement qui peut agir dans les siens et qui ne le fait pas. Non-assistance à médias en danger.

Laisser mourir les médias écrits, c’est affaiblir la démocratie. C’est ce que fait le gouvernement fédéral en ne faisant rien.