Le livre Finances d’un Québec indépendant, de Maxime Duchesne, détenteur d’une maîtrise en science politique et spécialisé dans les questions économiques, prouve la viabilité financière d’un Québec souverain. Nul doute que ce document étoffé enrichira l’argumentaire pour la promotion de l’indépendance du Québec. Nous avons entre les mains un formidable outil dont nous entendons bien faire la diffusion.

Il s’agit d’une démonstration de force qui illustre bien les nombreux avantages dont profiteraient les Québécoises et les Québécois en prenant le plein contrôle de leur économie. L’analyse rigoureuse de M. Duchesne prouve une fois de plus qu’en récupérant les milliards de dollars d’impôts prélevés au Québec par Ottawa, non seulement le Québec pourrait assumer tous les services actuellement octroyés par le fédéral, y compris les pensions de vieillesse, mais surtout, il pourrait utiliser tous ses impôts pour développer son économie en fonction de ses forces.

Selon lui, le Québec pourrait financièrement réaliser son indépendance. Un tel changement de statut n’entraînerait pas de conséquences néfastes dues à l’abolition des mécanismes fiscaux canadiens et à la fin de la péréquation canadienne. Qui plus est, l’auteur se dit assuré qu’un Québec indépendant économiserait 4,1 milliards de dollars par année en éliminant des dédoublements administratifs, une économie qui permettrait de compenser partiellement la perte des paiements de péréquation.

Maxime Duchesne parle davantage de gains en efficacité et d’économies substantielles. Les revenus d’un Québec libre seraient plus équilibrés que ceux du Canada qui dépendent trop de l’exploitation du pétrole et des ressources naturelles. À l’heure où le gouvernement canadien prévoit d’importants déficits budgétaires pour les prochaines années, la situation québécoise apparaît nettement meilleure.

Le Québec représente 23,1% de la population canadienne et 19,2% du produit intérieur brut (PIB) canadien, indice de la valeur totale d’une économie. Le fait de détenir ce pourcentage ne veut pas dire que nous sommes plus pauvres pour autant. Après l’Ontario, le Québec est la province qui reçoit le moins de péréquation par habitant. Au Québec, on peut acheter davantage avec moins d’argent. Par exemple, une maison au Québec coûte de deux à trois fois moins cher qu’en Colombie-Britannique. Il faut aussi savoir que selon les années, le Québec se classe au premier ou au second rang des pays du monde selon l’indice socioéconomique du vivre mieux (OCDE).

Notre part : On envoie environ 50G$ par année en taxes et impôts à Ottawa (48,8 G$).

Qui collecte et qui dépense

  • 61% des dépenses du gouvernement fédéral sont constituées de transferts aux provinces (132,7G$)
  • 24% des revenus du gouvernement du Québec proviennent des transferts fédéraux (16,53G$)

Le gouvernement fédéral collecte une proportion importante de l’argent dépensé par les provinces. Ce n’est donc pas le bon gouvernement qui perçoit une part importante des impôts, ce qui rend les provinces très sensibles envers les changements d’humeurs du gouvernement fédéral.

Transferts fédéraux au Québec (G$)

Pensions de vieillesse                                 11,261

Assurance-Emploi                                        3,954

Prestations pour enfants                               2,946


Total                                                           34,689

 

*Détail des transferts

Péréquation                                                   7,839

Abattement du Québec                                -4,223

(Réduction de 16,5% de l’impôt payé par les contribuables Québécois)

Transfert en santé                                         7,410

Transfert pour les programmes sociaux       2,854


Total                                                          16,528

Le restant des 50G$ que l’on envoie à Ottawa est dépensé pour faire fonctionner les programmes fédéraux et pour le service de la dette. Même si la proportion québécoise des transferts fédéraux (25,6%) dépasse notre poids démographique (23,1%), ceci est compensé par le fait que seulement 17,9% des dépenses des programmes fédéraux bénéficient au Québec.

Une fois les dépenses de fonctionnement et du service de la dette réparties, on constate que si le Québec avait été un pays, avant même tout gain d’efficacité, le déficit québécois aurait été de 3,9% du PIB, ce qui est inférieur à la moyenne des pays du G20 (4,3%) et du G7 (4,5%).

Les économies

On estime à environ 4,1 milliards $ d’économies liées seulement aux dédoublements administratifs entre Ottawa et Québec. Le tout serait effectué sans affecter les services aux citoyens. L’étude ne rajuste pas non plus les salaires des fonctionnaires fédéraux qui sont généralement plus élevés que ceux des fonctionnaires québécois. Les économies pourraient aussi être encore plus grandes selon les choix budgétaires des Québécois.

Une fois que l’on tient compte de ces économies, le déficit québécois par rapport à son PIB serait de seulement 2%, ce qui est un des plus bas taux au monde en comparaison avec nos voisins CA(1,7%), USA(3,8%), FR(3,8%) et R-U(4,2%).

La dette

La dette du gouvernement fédéral a été contractée au nom du gouvernement fédéral et ne sera pas automatiquement transférée au gouvernement québécois. En cas de refus de négocier avec le Québec ou sans une entente raisonnable, Ottawa pourrait se retrouver à payer la dette seul.

Le Québec n’hériterait pas seulement des dettes, mais aussi d’actifs comme des ponts, des ports, des aéroports, des bâtiments, des avions, des véhicules, etc. Leur valeur exacte est difficile à établir parce qu’il serait nécessaire de réévaluer tout ce qui est possédé par le gouvernement fédéral à sa valeur marchande.

Le passif (dette) total du Canada est de 1 001G$ mais serait rajusté à 968G$ en tenant compte de la portion de la dette qui est détenue par la Banque du Canada, sous juridiction du gouvernement canadien. Ainsi, la part québécoise de la dette fédérale serait de 164,72G$.

La monnaie

Peu importe ce qu’on en dit, en raison de la loi de l’offre et de la demande, le Canada tenterait probablement de convaincre le Québec de conserver le dollar canadien. Le fait que le Québec vaille pour 1/5 de la valeur de la monnaie canadienne sera donc un très bon pouvoir de négociation. Il est aussi faux de prétendre qu’on pourrait nous empêcher d’utiliser la monnaie canadienne. Les transactions dans un bon nombre de pays se font dans une monnaie étrangère.

À court terme après l’indépendance, le Québec continuerait probablement d’utiliser le dollar canadien afin de disposer d’une monnaie connue de la population et sécurisante pour les marchés financiers. À moyen terme, le Québec choisirait probablement de mettre en place sa propre monnaie ou négocierait l’obtention d’un certain pouvoir sur les décisions prises par la Banque du Canada.

Conclusion

Un Québec pays bénéficierait de revenus plus que suffisants pour financer toutes les missions d’un État indépendant. Un Québec indépendant serait donc viable sur le point de vue économique et serait dans une position avantageuse par rapport aux autres pays développés. En effet, sur les 193 pays reconnus à l’ONU, le Québec serait la 17e puissance économique mondiale.