La conversion à une économie plus respectueuse de l’environnement pourrait générer de 15 à 60 millions d’emplois supplémentaires à l’échelle mondiale au cours des vingt prochaines années et sortir des dizaines de millions de travailleurs de la pauvreté selon un rapport conduit par l’Initiative en faveur des emplois verts de l’Organisation internationale du Travail (OIT), une institution spécialisée des Nations Unies.
Au moins la moitié de la main-d’œuvre mondiale – l’équivalent de 1,5 milliard de personnes – sera affectée par la transition vers une économie verte. Alors que les changements se feront sentir dans l’ensemble de l’économie, huit secteurs clés devraient jouer un rôle central et être particulièrement touchés: agriculture, sylviculture, pêche, énergie, industrie manufacturière à forte intensité de ressources, recyclage, construction et transports.1
Des dizaines de millions d’emplois ont déjà été créés grâce à cette mutation. Par exemple, le secteur des énergies renouvelables emploie maintenant près de cinq millions de personnes, soit plus du double des effectifs entre 2006 et 2010. L’efficacité énergétique est un autre secteur d’emplois important, en particulier dans la construction qui a été très touchée par la crise économique.1
Des gains d’emploi de l’ordre de 0,5 à 2 % de l’emploi total sont possibles. Aux États-Unis, trois millions de personnes sont employées dans la production de biens et services écologiques. Au Brésil, un peu moins de trois millions d’emplois ont déjà été créés, soit quelque 7 % de l’emploi formel. Ces bons résultats ont une chose en commun: la reconnaissance que les défis environnementaux et socioéconomiques doivent être abordés de manière globale et complémentaire. 1
Ici, un Québec pays pourrait récupérer les compétences constitutionnelles en matière de transport et ainsi agir afin de concilier l’aménagement du territoire, les emplois en lien le développement durable et la protection de l’environnement
« Le développement écologique ne détruit pas l’emploi, comme on le dit souvent. Au contraire, si il est bien géré, il peut déboucher sur de nouveaux emplois, de meilleure qualité, sur la réduction de la pauvreté et l’inclusion sociale. » – Juan Somavia, ex-directeur général du BIT
Les intérêts économiques du Québec devraient passer par le développement des transports collectifs, dont le développement du transport ferroviaire axé sur le transport des personnes entre les villes et les villages de tout territoire à l’aide d’un système de trains rapides. Ceci favoriserait à la fois l’emploi et le maintien des travailleuses et travailleurs dans leur région. Imaginons le nombre d’emplois que l’on pourrait créer en détournant les milliards de dollars de fonds publics accordés en subventions à l’industrie pétrolière et gazière pour les investir dans la croissance d’un secteur économique vert.
À la lumière de l’étude de l’OIT, je ne peux que me désoler des récentes décisions du gouvernement Trudeau qui continue de favoriser l’exploitation des sables bitumineux à défaut d’amorcer une véritable transition vers les énergies renouvelables. En donnant son aval au projet d’oléoduc Trans Mountain, au remplacement de la canalisation 3 du pipeline d’Enbridge et au projet de gazoduc Pacific Northwest LNG, qui deviendra l’un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre au Canada, les libéraux encouragent un modèle de développement dépassé. Comme si ce n’était pas assez, les projets de pipelines Énergie Est et Keystone XL sont toujours à l’ordre du jour.
Le gouvernement Trudeau doit réaliser que le modèle de développement actuel n’est pas viable, pas seulement pour l’environnement mais, aussi d’un point de vue économique et social.
1 Source Bureau Internationale du Travail