Une étude de l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) rendue publique il y a quelques jours estimait à environ 457 millions les dividendes que l’État pourrait en tirer si la vente était confiée à la Société des alcools du Québec (SAQ).
Au Québec, le ministre des Finances Carlos Leitão a cependant fait savoir qu’il n’était pas question de vendre de la marijuana dans les succursales de la SAQ. Martin Coiteux, membre du comité ministériel du gouvernement Couillard, s’est aussi opposé à l’instauration de tout nouveau monopole d’État mais le gouvernement affirme toutefois que la décision n’est pas arrêtée.
Autre fait inquiétant, il y a actuellement 24 entreprises productrices de marijuana thérapeutique en Ontario pour une seule au Québec. Ces entreprises vont inévitablement demander un permis pour la production de marijuana récréative, dont Ottawa s’est réservé la délivrance.Avec les libéraux de part et d’autres, il est donc probable de voir le Québec privé d’un marché lucratif au profit du privé et de l’Ontario.
À cet effet, soulignons que certains médias ont révélé que d’ex-politiciens et anciens hauts dirigeants du Parti libéral du Canada (PLC) siègent au conseil d’administration des plus importants producteurs de cannabis médical autorisés par Santé Canada et que plus d’une quinzaine d’administrateurs de ces 43 producteurs autorisés sont des donateurs du PLC.
Principales conclusions de l’étude de l’IRIS:
- La prohibition du cannabis n’empêche pas une consommation massive de ce produit.
Au niveau mondial, on dénombre plus de 160 millions de consommatrices régulières
et consommateurs réguliers et, au Canada, presque une personne sur deux en aura
consommé au moins une fois dans sa vie. - La légalisation permettrait d’effectuer d’importantes économies au niveau des coûts
liés à la répression et à la judiciarisation de ce commerce et de ses consommateurs
et consommatrices. - En se fiant à l’exemple du Colorado, le marché québécois du cannabis récréatif est évalué
à 1,3 G$. Dans les 10 ans suivant une légalisation, la valeur de ce marché pourrait
grimper à 3,2 G$. - La commercialisation du cannabis par le secteur privé pourrait générer une valeur ajoutée
de 844,9 M$ et créer 912 emplois. Ces chiffres atteindraient 867 M$ et 982 emplois
si cette commercialisation était confiée à la SAQ. - Les revenus tirés de l’impôt des particuliers, des taxes à la consommation et de la parafiscalité
liés à l’investissement dans la commercialisation du cannabis récréatif seraient
plus élevés de 10,1 M$ si on passait par la SAQ plutôt que par le privé. - La prise en charge par la SAQ de la commercialisation du cannabis récréatif pourrait
faire augmenter de 457 M$ les redevances que verse la société d’État au gouvernement. - La SAQ, en comparaison du commerce privé, offre un encadrement plus responsable
au niveau de la vente d’un produit posant des problèmes de santé publique et pouvant
mener à la dépendance. Aussi, la SAQ sera mieux outillée afin de résister aux pressions
pouvant venir des acteurs criminels présents dans le marché noir et qui voudront protéger
leur marché.