En décembre dernier, je suis allée à Madrid pour la COP 25. J’écoutais tous ces politiciens parler des efforts faits dans leur pays pour contrer les changements climatiques, mais à Madrid la négociation était ardue, les belles résolutions étaient chose du passé. Les pays étaient loin d’être en voie de réaliser les engagements qu’ils ont pris à Paris quatre ans plus tôt et n’entendaient pas augmenter leurs cibles. Cette COP fut un échec et elle en a amené à plusieurs à se demander à quoi servent ces conférences internationales sur le climat.
Tout d’abord, c’est en guise de préparation à ces conférences que le GIEC, groupe intergouvernemental sur le climat, dépose son rapport annuel. De plus, c’est l’occasion de mettre en lumière dans les journaux du monde entier, les enjeux climatiques, les échecs et les réussites des états membres.
Alors je pense que c’est tout de même un moment important pour faire pression et pour attirer l’attention des médias internationaux et locaux afin de confronter les politiciens.
En marge des négociations, il y a des centaines d’ateliers sur des sujets très variés. C’est dans ces ateliers qu’on apprend davantage sur ce qui se passe à travers la planète. C’est dans ces ateliers qu’on se fait un réseau, des contacts qui nous serviront au cours de l’année.
J’y ai entendu le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, déclarer que nous perdons actuellement la guerre contre le climat. Les mots sont difficiles à entendre, mais il dit aussi qu’on peut encore effectuer un virage pour changer l’histoire et que si nous voulons gagner nous ne pouvons laisser personne derrière. Il pensait particulièrement aux travailleurs de l’industrie du pétrole.
Depuis 2015, certains pays s’efforcent de créer des emplois qui s’inscrivent dans une économie verte et tournée vers l’avenir afin d’aider les travailleurs du pétrole qui n’ont pas à payer seuls le prix de la transition énergétique. Toutefois, nous avons besoin que des pays comme les États-Unis, l’Australie et le Brésil emboitent le pas. Ce qui est réconfortant c’est qu’il y a quelques années à peine, une telle discussion ne pouvait avoir lieu. On avance, mais à mon avis, étant donnée l’urgence climatique, on avance trop lentement.
Il y a des moments où ce que j’apprends me laisse sans voix ou carrément en colère. J’ai assisté à un atelier qui se voulait un compte-rendu des engagements financiers pris par les pays il y a dix ans à la COP de Copenhague. Les États s’étaient engagés, entre autres, à créer un Fonds vert pour le climat qui devait compter sur 100 milliards $ US en 2020. Mais en l’absence de langage clair, les États développés ont fait ce qu’ils voulaient, ils continuent de jouer avec les chiffres et bien que l’engagement de Copenhague ait été renouvelé lors de chaque conférence qui a suivi, nous ne pouvons pas évaluer les contributions des différents pays puisque ces derniers interprètent à leur façon les engagements qu’ils ont pris.
Les panélistes ont dénoncé vigoureusement le fait qu’en l’absence de règles, du manque criant de transparence, et du manque de rigueur dans les textes des accords sur cet enjeu, les résultats étaient peu probants. Lors de la COP 21, certains se sont penchés sur ce problème. De nouveaux engagements et des balises claires ont finalement été votés à la COP24. Malheureusement, les nouvelles directives laissent encore trop de discrétion aux pays qui ont simplement changé la méthodologie de calcul. Il devient donc impossible de comparer leur véritable contribution.
Cette façon qu’ont les pays riches de contourner leurs engagements me révolte. Il n’y a pas de justice climatique dans le secteur de la finance où l’on aurait besoin d’une Greta Thunberg.
Quand je pense, que des pays insulaires sont en voie de disparition que certaines îles ont déjà dû évacuer et déménager les habitants et qu’ils l’ont fait sans aucune aide financière des pays riches qui sont les principaux responsables de la crise climatique et de la montée des océans. Il y a de quoi être en colère.
Alors que plusieurs experts affirment que 2020 marquera un point de non-retour si l’on veut atteindre les cibles fixées à Paris, bon nombre de pays ne sont pas en voie de tenir leurs engagements.
Rappelons que selon les scientifiques, tout retard, au-delà de 2020, rendrait rapidement l’objectif de 1,5 °C hors de portée. Et même pour espérer limiter le réchauffement à 2 °C, il faudrait réduire les émissions de 2,7 % par an de 2020 à 2030.
Lorsque je participe aux différentes COP il est facile de prendre pleinement conscience de l’ampleur de la crise climatique et de la situation critique de plusieurs pays, des informations qui ne sont pas toujours à la une des journaux. Si sept millions de personnes avaient été déplacées au cours des six premiers mois de 2019 à cause d’événements météorologiques, ce nombre s’élevait à 22 millions à la fin de l’année selon l’Observatoire des situations de déplacement interne (IDMC). La cause? Des inondations aux États-Unis, en France et en Italie, mais aussi en Espagne, au Mozambique, en Iran, en Russie et au Japon. La sécheresse au Chili, en Chine, en Inde, en Australie, au Zimbabwe, en Afrique du Sud où 45 millions de personnes risquent de souffrir de la faim et j’en passe…
La perte de la biodiversité tant marine que terrestre s’accélère. Cette détérioration va encore plus vite que ce que les scientifiques prévoyaient.
La crise climatique est réelle, les différents représentants de gouvernements qui sont ici parlent beaucoup de recyclage, mais malheureusement personne ne parle de réduire, alors que pour moi il est aussi essentiel de réduire notre consommation, de consommer mieux et de miser sur la croissance des technologies vertes.
Nous avons pourtant tous les leviers en main pour agir, mais on dirait que personne ne veut le faire. Il y a un fossé énorme entre les immenses manifestations qu’on voit un peu partout dans le monde et cette COP.
Les éléphants dans la pièce sont toujours les mêmes: exploitation des énergies fossiles et subventions à ces mêmes énergies. Cela concerne directement le Canada et pourtant ni le Canada ni les autres pays ne sont prêts à rehausser leurs ambitions.
Nous les représentants des partis politiques de l’opposition ainsi que les participants issus u monde syndical, des ONG, des représentants nous voulons des engagements clairs et plus ambitieux. Les pays le feront-ils pour la COP26 à l’automne 2020? Cette COP sera celle de la dernière chance.