La Stratégie nationale en matière de construction navale a été lancée en juin 2010 par le gouvernement conservateur. Cette stratégie visait à offrir des contrats à long terme aux chantiers navals retenus pour qu’ils puissent livrer des navires de façon continue et ainsi éviter des périodes de contraction et d’expansion dans ces chantiers. Or, le Québec a été ignoré dans la mise en oeuvre de cette stratégie.

Au moment de renouveler la flotte vieillissante de la marine canadienne et de la garde côtière, le gouvernement de Stephen Harper accorde alors pour 76,2 milliards $ de contrats à deux chantiers : Seaspan en Colombie-Britannique pour 12 milliards $ et le chantier Irving en Nouvelle-Écosse pour 63,5 G$.

Le chantier Davie de Lévis, un chantier naval possédant 50% de la capacité de production du Canada, n’a obtenu aucun contrat.

Octobre 2011, sous la gouverne des Conservateurs, le Chantier Davie est à nouveau écarté des contrats de navires fédéraux dont la valeur s’élève à 33 milliards de dollars. Le mandat de construire 21 navires de combat est octroyé à Irving Shipbuilding de Halifax pour 25 milliards $.  Quant aux sept navires destinés à la Garde côtière canadienne au coût de 8 milliards $, ils seront fabriqués par Vancouver Shipyards.

Cet octroi de contrats, qui a causé un tort important à l’industrie navale québécoise, est endossé par les libéraux (PLC), mais aussi par le Parti néo-démocrate (NPD). Il est bon de souligner au passage la trahison des 58 députés québécois élus lors de la vague orange dont certains se sont même levés en Chambre pour appuyer le projet. Ces 58 députés ont alors voté contre le Québec. Comme si cet affront n’était pas assez, le porte-parole du NPD en matière de construction navale de l’époque, Peter Stoffer, avait déclaré qu’il s’agissait d’un grand jour pour le Canada.

Les 58 députés québécois élus sous la bannière du NDP vote contre le Québec.

Dans le cadre des élections de 2015, les Conservateurs ont finalement donné un petit contrat à saveur électorale à la Davie – d’une valeur de seulement 0,7 milliards $ – pour convertir un navire en pétrolier ravitailleur pour la marine. Mais aussitôt arrivés au pouvoir, les Libéraux ont tout tenté pour annuler ce contrat, bien que le Canada n’avait aucun pétrolier ravitailleur et avait besoin de l’aide d’autres pays pour mener des opérations en mer!

Alors que les deux autres chantiers n’avaient toujours pas livré un seul navire, la Davie a complété le contrat dans un temps record et sans dépassements de coûts. La Davie avait offert au gouvernement Trudeau de convertir un deuxième ravitailleur, mais le gouvernement Trudeau a refusé catégoriquement.

En plus des contrats navals, entre 2006 et 2012, le fédéral a discrètement accordé une subvention de plus de 40 M$ à une filiale des chantiers maritimes J. D. Irving, compétitrice directe de la Davie; de cette somme, 8 M$ provenaient du Québec.

La Davie a aussi offert au gouvernement canadien de convertir quatre brise-glaces – la flotte canadienne étant désuète et largement hors service. Après des mois de tergiversation et de pressions, les Libéraux de Justin Trudeau ont finalement accordé 3 contrats pour une valeur totale de 610 millions $ – mais ont rejeté le contrat le plus important. La grande partie du montant alloué ne sert qu’à acheter les navires à convertir et les travaux à entreprendre ne nécessitent pas beaucoup de travailleurs.

Le résultat de toute cette mauvaise gestion du gouvernement fédéral est que le chantier de la Davie est sur le point de fermer. À la mi-août 2018, il n’y avait que 250 travailleurs et la Davie a annoncé qu’elle devra procéder à d’autres licenciements. Cet automne, il n’y aura que 100 travailleurs sur le chantier.  Inutile de dire que cette automne nous allons encore tout faire en notre pouvoir pour empêcher le fédéral de tuer notre plus grand chantier maritime.