Terres fédérales administrées par Aéroport de Montréal (parution originale le 5 juillet, modifié le 22 novembre suite à l’élection fédérale)

Au cours de la dernière législature, j’ai été interpellée par bon nombre de citoyens de citoyennes et de groupes environnementaux inquiets de ce qui adviendra des 155 hectares de terrain appartenant au gouvernement fédéral qui sont présentement administrés par Aéroport de Montréal (ADM), une société qui envisage actuellement d’y faire du développement commercial. J’ai donc décidé d’écrire à l’ex-ministre de l’Environnement et à l’ex-ministre des Transports afin de préserver cet endroit que plusieurs considèrent comme le deuxième poumon vert de Montréal.

Une portion de cette lettre allait comme suit…

« Vous n’êtes pas sans savoir qu’avec les changements climatiques, les grands centres urbains font face à des canicules sans précédent. La situation catastrophique  en  Colombie-Britannique  en  est  un  bien  triste  exemple  alors qu’une semaine après qu’un dôme de chaleur se soit installé sur la région, la GRC déplorait un bilan de 719 personnes mortes subitement. Montréal avait connu une situation similaire en 2018 alors qu’une vague de chaleur intense avait emporté 66 personnes sur l’île seulement.

Vous serez d’accord avec moi qu’à titre d’élus, il est de notre devoir de protéger nos commettants en mettant tout en œuvre pour atténuer les impacts du réchauffement planétaire. Protégez les espaces verts, les boisés, les milieux humides et par conséquent la faune et la flore est primordial dans la lutte aux changements climatiques et permet également de contrer les îlots de chaleur urbains.

L’urgence d’agir est bien réelle et le gouvernement fédéral a le pouvoir d’agir sur les terrains qu’il possède, dont les 155 hectares de terrain situé en bordure de l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau. À l’heure actuelle, il y existe seulement un projet d’usine prévu dans ce secteur que plusieurs considèrent comme le deuxième poumon vert de Montréal. Le moment est donc tout indiqué pour protéger cet endroit avant que d’autres projets de développement ne se mettent en branle.

Protéger cette zone aurait de multiples avantages. Vous n’êtes pas sans savoir que les populations d’espèces canadiennes évaluées comme étant en péril au pays par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) ont décliné de 59 % en moyenne entre 1970 et 2016. D’ailleurs, le rapport publié au printemps 2018 par la commissaire à l’environnement et au développement durable du Canada, Julie Gelfand, insistait sur les multiples déclins constatés pour la période 1970-2014: recul de 43 % des populations de mammifères, de 34 % des populations de reptiles et d’amphibiens et de 20 % des populations de poissons. Chez les oiseaux, 44 % des populations ont diminué.

Depuis 2003, la liste des espèces en péril au Canada est passée de 233 à 800 espèces. 41 espèces ont disparu depuis. Ces données témoignent, encore une fois, de l’urgence d’agir. Le 29 juin dernier, 204 espèces d’oiseaux, 164 espèces végétales, 41 vertébrés et 101 espèces d’insectes et d’autres invertébrés ont été recensés sur les terres fédérales gérées par ADM, je vous invite donc ardemment à faire tout ce que vous pouvez afin que ces chiffres ne baissent pas ou que certaines des espèces qui s’y trouvent ne fassent leur chemin sur la liste du COSEPAC.

De plus, on a également porté à mon attention que la construction de l’usine de la société Medicom allait engendrer la destruction d’un corridor de biodiversité dans le secteur Technoparc/ADM/Golf Dorval, appelé Champ des monarques et que l’endroit sera sévèrement fragmenté par ce développement. Comme le Champ des monarques abrite une grande variété d’oiseaux, mais également le papillon monarque, une espèce considérée en péril par le COSEPAC, je me demandais si le projet a bel et bien été soumis à une analyse rigoureuse de l’Agence d’évaluation d’impact du Canada afin que tous les impacts potentiels de cette usine sur les plans environnemental, sanitaire, social et économique soient pris en considération. Pour ma part, je ne vous cacherai pas que le fait qu’une espèce en péril ne bénéficie pas d’une protection automatique en vertu de la Loi lors de la mise en œuvre de nouveaux projets est une lacune qui se doit d’être corrigée.

Je le répète, l’urgence d’agir dès aujourd’hui est bien réelle et le fait que ADM a créé en avril dernier une réserve de 18,5 hectares autour de l’habitat du petit Blongios est un pas dans la bonne direction, mais vous le savez, nous avons besoin de plus que cela. Je vous interpelle donc aujourd’hui pour vous demander de tout mettre en œuvre pour protéger les terres fédérales administrées par ADM afin de protéger l’environnement, mais aussi les citoyens et les citoyennes qui font face à une menace grandissante avec l’intensification des changements climatiques. »

Inutile de dire que c’est un dossier que j’aborderai avec le nouveau ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault,  lors de notre retour en Chambre. Je lui ai d’ailleurs écrit à ce sujet le 22 novembre.