Repentigny, le 29 octobre 2020 – Le Bloc Québécois a déposé une motion à la Chambre des communes exigeant que le gouvernement fédéral présente des excuses officielles aux 497 Québécoises et Québécois qui ont injustement subi les exactions de la Loi sur les mesures de guerre promulguée le 16 octobre 1970 par Ottawa.

Ce 16 octobre, et dans les jours qui ont suivi, des soldats de l’armée canadienne et des policiers ont fait irruption dans des milliers de foyers québécois pour procéder à des perquisitions et des arrestations. Près de 500 citoyens innocents ont été arrêtés sans mandat et des dizaines de milliers d’autres ont été interpellés.

« Le Bloc Québécois est contre toute forme de violence. En octobre 1970, le gouvernement Trudeau a suspendu les droits et libertés au Québec et lancé l’armée contre la population du Québec », a rappelé Yves-François Blanchet, chef du Bloc Québécois.

« Des citoyens innocents ont été menacés, intimidés à la pointe d’une mitraillette, arrêtés et incarcérés dans des conditions qui sont réservées à de grands criminels. Imaginez un seul instant que des soldats armés s’introduisent avec fracas dans votre maison, en pleine nuit, et vous interpellent à la pointe d’une mitraillette… Il s’agit bien ici, d’une violence politique indigne d’une société démocratique », a signalé Monique Pauzé.

Lors d’un vibrant plaidoyer aux Communes, la députée Monique Pauzé a rappelé son histoire personnelle alors que dans la foulée des événements d’automne 70, son frère Michel a été arrêté.

« Je peux vous dire que cet épisode l’a profondément marqué puisqu’il été capable de m’en parlé seulement des années plus tard. J’ai été surprise d’apprendre ce qui lui était arrivé. Ce fut un choc pour moi de savoir que mon frère cadet, qui était étudiant au Cégep du Vieux-Montréal, avait été arrêté comme ça, pour rien. »

Elle a poursuivi en disant qu’elle n’était pas près d’oublier non plus quand la police est débarquée à la maison familiale où elle habitait avec sa mère et sa grand-mère afin de la demeure de fond en comble.

« Malheureusement, l’histoire de ma famille n’est pas un cas isolé puisque les  forces de l’ordre ont effectué 31 700 perquisitions, dont 4600 avec saisie pendant cette période. Dans plusieurs cas ces actes furent imprégnés de violence. J’aimerais aujourd’hui voir le fédéral dénoncer cette violence, mais malgré nos demandes répétées, ce gouvernement reste muet », a fait valoir la députée.

Rappelant que la Loi sur les mesures de guerre a été invoquée deux fois avant la crise d’octobre soit pendant les deux guerres mondiales, elle a souligné que le gouvernement canadien a présenté des excuses pour chacune de ses deux utilisations.

« En 1988, pour les victimes d’origine japonaise internées et déplacées lors de la 2e guerre mondiale. En 1990, pour les victimes d’origine italienne internées lors de la 2e guerre mondiale. En 2006, pour les victimes d’origine ukrainienne internées lors de la 1re guerre mondiale. Dans les deux premiers cas, le gouvernement a versé des compensations financières, soit aux victimes directement soit à des associations les représentants pour leur permettre d’organiser des activités d’éducation et de commémoration. Pour les Italo-Canadiens, le gouvernement a promis de faire de même en juin 2019. Je repose la question, où sont les excuses du fédéral pour les victimes de la crise d’octobre? », a demandé Monique Pauzé.

« Le gouvernement fédéral, ce même gouvernement qui se proclame contre la violence et l’extrémisme à travers le monde, doit faire montre de compassion à l’égard des 497 citoyens québécois ainsi qu’à leurs familles qui ont vécu des moments de terreur et qui ont dû vivre avec les séquelles de ces agressions. C’était inadmissible il y a 50 ans et ça l’est toujours aujourd’hui. Ottawa doit s’excuser », a conclu la députée de Repentigny.

Voici le texte de la motion déposée par le Bloc Québécois :

 « Que la Chambre réclame des excuses officielles du premier ministre au nom du gouvernement du Canada pour la promulgation, le 16 octobre 1970, de la loi sur les mesures de guerre et le recours à l’armée contre la population civile du Québec afin d’arrêter de façon arbitraire, d’incarcérer sans accusation et d’intimider près de 500 Québécoises et Québécois innocents. »