L’un des principaux enjeux de la rentrée politique à Ottawa est le dossier du pipeline Trans Mountain, que le gouvernement fédéral veut faire passer à travers la Colombie-Britannique. En quoi un pipeline en Colombie-Britannique nous concerne, au Québec? D’abord, parce qu’on a payé pour. Mais surtout, parce qu’on voit le fédéral s’appuyer sur la constitution canadienne pour enfoncer dans la gorge d’une province un projet avec lequel elle est en profond désaccord. Nous pourrions subir le même sort si le projet d’oléoduc Énergie Est devait être remis sur les rails.

L’expansion de l’oléoduc Trans Mountain, acquis avec 4,5 milliards de dollars de fonds publics, se chiffrait à 7,4 milliards. Or, cette dernière devrait coûter 1,9 milliard $ de plus que ne le prévoyaient les estimations originales de Kinder Morgan selon des documents de Kinder Morgan Canada rendus publiques au mois d’août.

Énergie Est, mort et enterré?

Ce projet de pipeline, qui devait acheminer du pétrole de l’Ouest vers les Maritimes en traversant près de 800 cours d’eau au Québec, dont le fleuve Saint-Laurent, a été mis sur la glace par son promoteur en octobre 2017. Mais il faut compter sur les puissants lobbys du pétrole pour revenir à la charge.

À la Chambre des communes, le chef conservateur, Andrew Scheer, a maintes fois interpellé le gouvernement Trudeau pour qu’il ressuscite Énergie Est. Réunis en congrès à Halifax à la fin août, les conservateurs ont entendu l’appel de leur chef et ont inscrit le retour d’Énergie Est dans le programme du parti.

Le 20 septembre 2018, le secrétaire parlementaire du ministre des Ressources naturelles a affirmé que si le pipeline Énergie Est pourrait renaît de ses cendres, le processus décisionnel du gouvernement serait exactement le même que celui de l’époque des conservateurs. Ils ne consulteront pas le BAPE québécois — ils n’auront donc pas besoin de l’approbation du Québec — et ils ne feront pas d’évaluation environnementale, tel que convenu dans le projet de loi C-69.

Ailleurs, dans les médias, des voix se sont fait entendre pour exiger la construction du pipeline sous prétexte de « sécurité énergétique », maintenant que le Canada est en conflit diplomatique avec l’Arabie saoudite.

Ce que les partisans d’Énergie Est oublient souvent de mentionner, c’est que depuis un an, il n’y a pas une goutte de pétrole saoudien dans les raffineries québécoises. Nous utilisons déjà exclusivement du pétrole de l’Ouest canadien et des États-Unis.

Le projet de pipeline Énergie Est de TransCanada menace l’eau potable de plus de quatre millions de Québécois(es) dont 85 000 se trouvent dans la circonscription de Repentigny.

Bref, nous devons demeurer vigilants face à un projet inutile, qui ne créera pas de retombées économiques au Québec, mais qui menace notamment notre fleuve. Un projet que le gouvernement fédéral pourrait bien essayer de nous imposer, contre notre volonté, comme il le fait actuellement en Colombie-Britannique.