Ottawa, le 21 octobre 2020 – Monique Pauzé, députée de Repentigny, croit que le refus des libéraux et des néo-démocrates à créer un comité anticorruption à Ottawa alimentera le cynisme de la population à l’égard des politiciens.
« Je me demande vraiment comment un élu avalisant la corruption peut se regarder dans le miroir et faire face à ceux et celles qui l’ont porté au pouvoir, a fait savoir Monique Pauzé. Je crois que les politiciens doivent être imputables de leur décision et au-dessus de tout soupçon. On ne parle plus d’erreurs de parcours quand il s’agit des libéraux, mais plutôt d’un parcours d’erreurs. »
La députée bloquiste croit que les libéraux ont survécu au vote de confiance cet après-midi, mais qu’une élection fédérale à court terme n’est pas exclue. Selon elle, le gouvernement Trudeau souhaite retourner aux urnes sans en porter l’odieux et surtout avant que d’autres scandales ne soient dévoilés au grand jour.
« Depuis mars, ce sont près de 343 milliards de dollars qui ont été dépensés pour faire face à la pandémie, précise Monique Pauzé. C’est notre argent qui est en train de se faire dilapider et une partie sert à graisser la patte des amis des libéraux. Un comité anticorruption aurait pu faire la lumière sur tout cela. Tout a commencé avec l’affaire WE Charity/UNIS où un organisme très proche de la famille Trudeau s’est vu octroyer un contrat de 900 millions de dollars sans appel d’offre, mais ensuite il y a eu le programme d’aide au loyer commercial où 84 millions ont été versés à une entreprise dont le vice-président n’est nul autre que l’époux de Katie Telford, la chef de cabinet de Justin Trudeau et la liste s’allonge de jour en jour. »
« Hier encore, des experts et des anciens membres du gouvernement Trudeau critiquaient le rôle joué par le cabinet du premier ministre dans le processus de nominations des juges, poursuit Monique Pauzé. Aujourd’hui, on apprenait qu’un contrat de près d’un quart de milliards de dollars (237 millions) a été donné à la hâte pour acheter des ventilateurs médicaux fabriqués par l’entremise d’une entreprise appartenant à un ex-député et organisateur libéral. Ces ventilateurs ont été vendus 23 700 $ l’unité alors que le modèle d’un compétiteur se vend 10 000$ de moins. Qu’allons-nous apprendre demain? »
La députée bloquiste n’est cependant pas surprise et rappelle qu’avant le scandale WE Charity/Unis qui fait l’objet de plusieurs enquêtes, le gouvernement libéral a été dans l’eau chaude à de nombreuses reprises depuis son arrivée au pouvoir en 2015. Elle fait référence, entre autres, au fait que le premier ministre Trudeau a été blâmé par le commissariat à l’éthique pour son voyage chez l’Aga Khan et dans le dossier SNC-Lavalin.
Pour Monique Pauzé, le rôle du Bloc Québécois à Ottawa est plus important que jamais. Elle et ses collègues promettent de voir à ce que les finances publiques soient mieux gérées afin de ne pas endetter les futures générations.
Retour sur des faits troublants :
- 26 octobre 2016 : Les libéraux votent contre motion M-42 du porte-parole en finances du Bloc Québécois alors que les parlementaires se prononçaient pour la toute première fois sur la légalité des paradis fiscaux.
Les élus au Parlement canadien ont majoritairement refusé de s’engager à lutter contre l’évitement fiscal des banques et des grandes entreprises. La motion demandait au gouvernement de modifier le règlement 5907 à la Loi de l’impôt sur le revenu qui permet l’évitement fiscal à la Barbade même si la loi ne l’autorise pas.
- Octobre 2017 : Le ministre des Finances, Bill Morneau, se fait reprocher d’avoir attendu trop longtemps après son élection pour placer les dizaines de millions de dollars d’actifs qu’il possédait dans diverses compagnies dans une fiducie sans droit de regard et d’avoir omis de déclarer sa luxueuse villa en France.
- Le 1er novembre 2017 : Le Commissariat aux conflits d’intérêts et à l’éthique remet au ministre Morneau une amende de 200 $ pour avoir attendu deux ans avant de déclarer sa participation à cette compagnie qui violait deux dispositions de la Loi sur les conflits d’intérêts.
- Le 10 novembre 2017 : Le commissaire l’éthique décide d’enquêter pour savoir si Bill Morneau s’est placé en conflit d’intérêts en déposant le projet de loi C-27 qui modifiait les normes de prestation des régimes de retraite. Il faut se rappeler qu’au moment du dépôt du projet de loi en octobre 2016, le ministre détenait encore un million d’actions de la firme Morneau Shepell, une entreprise fondée par son père et qu’il présidait avant son entrée en politique. Cette entreprise gère notamment des fonds de pension et le titre de la compagnie a bondi de près de 5 %, cinq jours après le dépôt de C-27.
- 20 novembre 2017: Bill Morneau vend le million d’actions de Morneau Shepell qu’il détient toujours. Cette vente se fait à un moment opportun.
- 30 novembre 2017: On apprend que le père de M. Morneau aurait lui aussi vendu 200 000 de ses actions dans la compagnie familiale Morneau Shepell en 2015, juste avant qu’une annonce du gouvernement Trudeau ne fasse baisser de 5 % leur valeur.
- 21 décembre 2017 : Justin Trudeau est blâmé pour son voyage chez l’Aga Khan. La commissaire à l’éthique conclut que le premier ministre a enfreint quatre articles de la Loi sur les conflits d’intérêts :
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- avoir accepté un cadeau qui pourrait raisonnablement donner à penser qu’il a été donné pour l’influencer (les voyages, car il y en a eu plus d’un) ;
- ne pas s’être récusé de discussions concernant l’Aga Khan ;
- ne pas avoir géré ses affaires personnelles de manière à éviter de se trouver en conflit d’intérêts ;
- avoir utilisé un transport interdit (l’hélicoptère privé de l’Aga Khan)
- 8 février 2018 : Le gouvernement Trudeau permet dorénavant à ses entreprises d’éviter légalement de payer de l’impôt si elles sont installées dans deux nouveaux petits États partenaires soit Grenade et Antigua-et-Barbuda.
- 19 février 2019 : Le conseiller et ami de longue date de Justin Trudeau, Gerald Butts, démissionne dans la foulée de l’affaire SNC-Lavalin.
- 14 août 2019 : Justin Trudeau est blâmé dans l’Affaire SNC-Lavalin. « M. Trudeau s’est servi de sa position d’autorité pour influencer la décision de Mme Wilson-Raybould, concluait Mario Dion dans son rapport d’enquête. Les gestes posés pour favoriser les intérêts de SNC-Lavalin étaient inappropriés et les actions du gouvernement sont troublantes.»
Le commissaire a aussi estimé que les considérations politiques évoquées directement par Justin Trudeau dans le but d’influencer Jody Wilson-Raybould étaient inacceptables. L’enquête du commissaire révèle également une proximité inquiétante entre le cabinet du premier ministre et SNC-Lavalin.
- 25 mai 2020 : Le Parti libéral de Justin Trudeau profite de la Subvention salariale d’urgence pour payer des salaires partisans. Ce programme, créé pour éviter la faillite à des entreprises et à des particuliers, a donc subventionné le salaire de gens dont le travail est de récolter du financement pour le Parti libéral du Canada alors que cette formation s’oppose au financement public des partis politiques.
- 3 Juillet 2020 : Ouverture d’une nouvelle enquête du commissaire à l’éthique concernant Justin Trudeau en lien avec l’octroi, sans appel d’offres, d’un contrat de 900 millions $ à WE Charity/UNIS, un organisme proche de sa famille. On se rappellera que l’organisme a fait savoir le 9 juillet dernier que l’organisme a versé 312 000 $ en honoraires à l’agence Speakers’ Spotlight pour Margaret Trudeau et 40 000 $ pour Alexandre Trudeau.
- Juillet 2020 : En pleine tourmente, le ministre des Finances du gouvernement Trudeau se rappelle soudainement avoir voyagé sur le bras de WE Charity/Unis, organisme à qui son gouvernement a octroyé, sans appel d’offres, l’administration d’un programme gouvernemental de près d’un milliard $. Bien sûr, il a remboursé ses voyages d’une valeur de 41 000$, mais encore une fois, il a agi après avoir été pris la main dans le sac.
- Août 2020 : Enquête réclamée sur l’octroi de la gestion du programme d’aide au loyer commercial. L’opposition officielle réclamant que le Commissaire au lobbying enquête sur l’octroi de la gestion du programme d’aide au loyer commercial à une entreprise qui a des liens directs avec le cabinet du premier ministre Justin Trudeau. Cette requête s’est faite lorsque les partis d’opposition ont appris que la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) a versé 84 millions à l’entreprise MCAP, dont le vice-président est nul autre que Robert Silver, l’époux de Katie Telford, la chef de cabinet de Justin Trudeau.
- 17 août 2020 : Dans la foulée de l’affaire WE Charity/Unis, Bill Morneau démissionne à titre de ministre et de député de Toronto-Centre.
- 11 septembre 2020 : Le commissaire aux langues officielles ouvre une enquête sur l’affaire WE Charity/Unis. Le commissaire aux langues officielles enquêtera sur l’affaire WE Charity/Unis puisque l’organisme n’était pas en mesure de livrer la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant dans les deux langues officielles. L’organisation aurait dû faire affaire avec une firme externe pour donner des services en français.
- 20 octobre 2020 : Des experts et des anciens membres du gouvernement Trudeau critiquent le rôle joué par le cabinet du premier ministre dans le processus de nominations des juges.
- 21 octobre 2020 : On apprend que le gouvernement Trudeau a conclu, sans appel d’offres, une entente de 237 millions $ pour acheter des ventilateurs médicaux fabriqués par l’entreprise d’un ex-député et organisateur libéral de longue date, M. Frank Baylis.
Ces ventilateurs, basés sur un modèle identique fabriqué par Medtronic, ont été vendus 23 700 $ l’unité soit 10 000 $ de plus l’unité que le modèle vendu par concurrence.
- 21 octobre 2020 : Le gouvernement Trudeau vote contre la création d’un comité spécial sur l’anticorruption.