Conférence « Constitution et multiculturalisme »

Repentigny, le 29 octobre 2018 –  Si certains parlementaires trouvent le débat constitutionnel dépassé, la conférence « Constitution et multiculturalisme » organisée par la députée fédérale de Repentigny, Monique Pauzé, a tout de même attiré près de 175 personnes le 28 octobre dernier.

Pour l’occasion, Mme Pauzé avait invité l’historien, journaliste et auteur du livre La Bataille de Londres. Dessous, secrets et coulisses du rapatriement constitutionnel, Frédéric Bastien, à venir s’entretenir avec la population sur ses recherches qui ont duré plus de huit ans.

Le rapatriement constitutionnel de 1982 fut un véritable coup d’État et nous en subissons les conséquences à plusieurs niveaux, a indiqué Mme Pauzé. L’enchâssement de la Charte des droits et libertés dans la Constitution a souvent eu des conséquences imprévues et catastrophiques sur notre société.  C’est en vertu de cette charte qu’en juillet 2016, la Cour suprême du Canada rendait une décision qui allait donner lieu à l’arrêt Jordan. Résultat : des individus accusés de crimes graves ont été ou sont relâchés sans procès, et ce, même si certains ont reconnu leurs crimes.

Pour sa part, Frédéric Bastien dont l’ouvrage publié en 2013  a provoqué l’adoption à l’unanimité par l’Assemblée nationale du Québec d’une motion réclamant l’ouverture des archives canadiennes sur le rapatriement de la Constitution croit que des juges non élus détiennent maintenant trop de pouvoir.

Trudeau père, dans son entêtement, est allé jusqu’à enfreindre une règle fondamentale des gouvernements démocratiques, soit celle de la séparation des pouvoirs, compromettant d’emblée la légitimité du nouveau régime constitutionnel, affirme M. Bastien.  Avec le rapatriement constitutionnel de 1982, l’objectif était désormais de nier la spécificité culturelle québécoise en imposant le bilinguisme from coast to coast, et le multiculturalisme. Cette idéologie a d’abord été mise en place par Pierre Elliott Trudeau, puis reprise par ses successeurs et elle s’est aussi imposée grâce aux décisions des tribunaux. Mais dans les faits,  les droits ne sont jamais absolus. Il y a toujours une limite, et la question est de savoir qui trace la ligne de ce qui est raisonnable.

Au sujet du multiculturalisme, la députée du Bloc québécois avait ceci à dire : « Souvent quand on s’oppose au multiculturalisme canadien qui protège le droit de vivre au Canada tout en agissant comme si on était toujours dans son pays d’origine, on est taxé de raciste alors que ce n’est pas le cas. Il faut faire une distinction importante entre le multiculturalisme et l’interculturalisme. Être pour la deuxième option, c’est faire valoir que nous sommes une société d’accueil forte qui participe activement à l’intégration des nouveaux arrivants dans un esprit de partage.  Pour ma part, j’espère que tous ceux et celles qui choisissent de vivre au Québec apprécient le fait que nous sommes une des nations les plus égalitaires qui soient en Amérique du Nord. »

Monique Pauzé a tenu à réaffirmer que les Québécois forment une nation et que, de ce fait, ils ont en main tous les outils nécessaires à la définition de leur identité et à la protection de leurs valeurs communes, notamment en ce qui a trait à la protection de la langue française, à la séparation de l’Église et de l’État et à l’égalité des sexes.

Soulignons que le Bloc québécois a déposé à la Chambre des communes, le projet de loi C-393 modifiant la Loi sur le multiculturalisme canadien afin qu’elle ne s’applique pas au Québec.

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