Yves-François Blanchet, chef du Bloc Québécois, et Monique Pauzé, députée de Repentigny, ont formulé au premier ministre Justin Trudeau trois demandes relatives au réchauffement climatique qui ne peuvent attendre le début des travaux parlementaires. Ils étaient accompagnés d’André Bélisle, président cofondateur de l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA) et initiateur de la Déclaration d’urgence climatique à laquelle plus de 350 municipalités et le Bloc Québécois ont adhéré.

Diplomatie

« Monsieur Trudeau ne peut pas seulement dire qu’il fera preuve de leadership en matière climatique.  Il doit, en effet, le prouver.  Son mandat précédent est un échec en termes de réduction des émissions de GES. Je lui demande donc d’intervenir auprès de Donald Trump afin qu’il cesse ses recours contre la Californie visant à interdire la Bourse du carbone (SPEDE : système de plafonnement et d’échange de droits d’émissions) liant ce puissant État américain et le Québec. Je lui demande aussi de conclure un engagement mutuel avec M. Trump afin que les États-Unis demeurent partie prenante à l’Accord de Paris et que les deux pays respectent au minimum leurs cibles de réduction des gaz à effet de serre », a déclaré M. Blanchet.

Le 23 octobre dernier, le gouvernement Trump a en effet lancé un recours judiciaire pour faire invalider l’entente entre le Québec et la Californie mettant en place une tarification innovante en matière de lutte aux changements climatiques.  Washington prétend que la politique étrangère est une compétence exclusive de Washington. Or, même comme province, le Québec a pu conclure une telle entente avec la Californie, elle-même un État fédéré. L’Ontario a aussi participé à la bourse du carbone jusqu’à ce que Doug Ford l’en retire. Monsieur Blanchet est d’ailleurs le ministre de l’Environnement du Québec qui a complété la mise en place de cette bourse en 2013 avec la Californie, lancée sous le gouvernement de Jean Charest.

Donald Trump a également confirmé, la semaine dernière, son intention de retirer les États-Unis de l’Accord de Paris. Le processus de retrait pourra être entamé dans quatre jours. Monsieur Blanchet demande à Justin Trudeau de travailler activement à une entente en vertu de laquelle les États-Unis demeureraient au sein de l’Accord de Paris et tant les É.-U. que le Canada s’engageraient à respecter minimalement leurs propres cibles de réduction des gaz à effet de serre.

« Il y a urgence d’agir. La procédure judiciaire contre la Californie est en cours et les délais permettant le retrait de l’Accord de Paris sont pratiquement atteints. La responsabilité internationale du Canada est en jeu et la démarche ne peut être que diplomatique. Justin Trudeau ne peut donc pas attendre le rappel de la Chambre pour intervenir activement auprès du président américain », a fait valoir M. Blanchet.

Trans Mountain

Monique Pauzé a été sans équivoque quant à la position du Bloc Québécois sur l’élargissement de Trans Mountain : « Nous nous opposerons à toute initiative du gouvernement fédéral donnant suite au projet d’oléoduc Trans Mountain. C’est un entêtement irresponsable à l’échelle mondiale, menant à une augmentation des émissions globales de GES et menaçant davantage la biodiversité. En outre, les Québécois ne veulent pas payer le quart d’une facture estimée à 14 milliards pour un projet de pipeline dans l’Ouest qui servira exclusivement à l’exportation par la côte du Pacifique du pétrole le plus sale au monde. »

Le chef de la deuxième opposition à la Chambre des communes a renchéri : « Le Québec ne peut voir que des inconvénients environnementaux et économiques à la complétion de Trans Mountain. Quand un projet est mauvais pour le Québec, alors pour nous, comme promis, c’est non.  Le premier ministre Trudeau ne pourra pas compter sur une quelconque forme de soutien du Bloc s’il s’obstine dans cette voie irresponsable ».