Je cherche encore comment qualifier la 26e conférence des Nations-Unies sur les changements climatiques.

Un manque de courage !

L’éléphant qui accouche d’une souris. !

Une petite victoire, mais la guerre est perdue !

Des promesses recyclées !

Un petit pas pour l’homme, mais aucun pas pour l’humanité !

La planète s’est déjà réchauffée d’un degré par rapport au niveau préindustriel.  Toutes les lumières rouges sont allumées pour nous dire qu’il reste à peine une décennie pour changer de cap. Il faut agir dès maintenant afin d’éviter une catastrophe dont l’humanité n’arrivera pas à se relever. On n’a pas besoin de faire de petits pas.  On a besoin de faire un grand saut.

Malheureusement, ce n’est pas ce qui s’est passé à la COP 26 à Glasgow. Cette COP avait deux objectifs prioritaires : s’entendre sur des engagements permettant d’espérer limiter le réchauffement à 1,5C d’ici la fin du siècle et amasser les 100 milliards par année pour les pays moins développés, engagement pris en 2009 à la COP de Copenhague.

Pour ce dernier engagement, rappelons que cet argent devait être fourni par les pays riches pour aider ceux qui subissent les effets de notre propre industrialisation et qui sont dès maintenant aux prises avec des bouleversements climatiques qui viennent saper leur économie et leur qualité de vie. Mais cet engagement n’a toujours pas été atteint. Elle devrait l’être en 2023, selon le nouvel accord, puis revue à la hausse en 2025. À mon avis, c’est un échec.  Les pays les plus vulnérables ont eu peu de réponses à leurs appels pour un financement adéquat. Les divisions entre pays riches et pauvres entre entreprises et citoyens sont toujours présentes. Et encore une fois, on pellette par en avant. Aujourd’hui, on parle de 2023 et en 2023, on remettra ça à quand? L’autre objectif crucial de cette COP, celle de limiter le réchauffement climatique :

Le nouveau ministre de l’Environnement du Canada, Steven Guilbeault, se dit enthousiaste, il salue les résultats de la conférence de Glasgow, tout en admettant que les engagements qui y ont été pris soient insuffisant.  Il se targue des engagements pris par son gouvernement et il va même jusqu’à dire que cette entente démontre que plusieurs pays, dont le Canada, ont résisté aux demandes des lobbys pétroliers qui voulaient amoindrir la portée leurs engagements.

Permettez-moi d’être beaucoup plus critique envers le travail du gouvernement canadien et les résultats de cette COP.

Tout d’abord, Le Canada est arrivé avec la même cible de réduction des gaz à effet de serre (GES) qu’en juillet, 40 à 45% par rapport à 2005 d’ici 2030 alors qu’il fait partie des dix pays les plus pollueurs de l’histoire…de plus ce plan de réduction des GES n’était accompagné d’aucun nouvel engagement financier. Le Canada a failli à la tâche.

D’un côté, M. Guilbeault a déclaré que les engagements du Canada sont historiques et de l’autre, il n’a pas le choix il d’avouer que c’est loin d’être suffisant pour faire face à la crise climatique.  Dans les faits, le nouveau ministre de l’Environnement a rappelé les promesses faites à Glasgow notamment dans le but d’éliminer les subventions aux combustibles fossiles en 2023 plutôt qu’en 2025 et il a repris la promesse électorale de plafonner les émissions de GES provenant des secteurs pétroliers et gaziers. Bref, il recycle de vieilles promesses en les qualifiant d’historiques.

Maintenant, si on regarde de plus près les engagements pris par les pays en Écosse, on y retrouve…

Entente pour réduire les émissions de méthane

À Glasgow, plus de 80 pays, dont le Canada et les États-Unis, se sont entendus pour réduire de 30 % leurs émissions de méthane par rapport à leur niveau de 2020. De prime abord, on peut y voir une excellente nouvelle, mais dans les faits, cette entente ne fait que reporter de cinq ans un engagement équivalent pris en 2016.

Il s’agit tout de même d’un point positif, car le méthane (CH4), dont les émissions proviennent principalement de l’industrie des énergies fossiles, de l’agriculture, de l’élevage et des déchets, est le deuxième gaz à effet de serre (GES) en importance après le dioxyde de carbone (CO2), mais il est de 80 à 86 fois plus puissant que ce dernier sur une période de 20 ans.

En 2019, les émissions de méthane au Canada totalisaient 13 % des émissions totales du pays.

Plus de lobbyistes du secteur pétrolier que d’environnementalistes parmi la délégation canadienne à la COP 26

Principal responsable des émissions de GES causant le réchauffement climatique, le secteur pétrolier et gazier était massivement représenté à Glasgow. 503 lobbyistes étaient présents afin de faire valoir leurs intérêts et de ce nombre 276 avaient été invités par le gouvernement Trudeau afin de faire partie de la délégation canadienne. 

L’unique préoccupation de l’industrie pétrolière est de faire des profits et conséquemment, faire perdurer le plus longtemps possible le recours aux énergies fossiles. Cette invitation met en lumière le double discours d’Ottawa, qui dit vouloir plafonner les émissions de carbone sans toutefois s’engager à mettre fin à l’exploitation des hydrocarbures.

Engagement pour enrayer la déforestation

Encore une fois, on ne peut pas être contre la vertu et on ne peut que se réjouir de voir les dirigeants de plus de 100 pays— abritant 85 % des forêts mondiales— adopté une déclaration sur les forêts lors de la COP 26.

Or, encore une fois, le diable est dans les détails. Cette alliance ne fait que reprendre les promesses de la Déclaration de New York signée en 2014 par 38 pays. À l’époque, l’objectif commun était de réduire les pertes forestières de moitié d’ici 2020, en s’efforçant d’y mettre fin d’ici 2030. S’engager à protéger les forêts d’ici 2030 ne fait que laisser la porte ouverte à une décennie de déforestation supplémentaire.

Alliance contre le charbon

Lancée par l’ex-ministre Catherine McKenna et l’Angleterre, l’Alliance pour sortir du charbon compte maintenant 40 nations. Attention, on ne parle pas de 40 pays, mais de nations qui ont déclaré vouloir transiter du charbon à des énergies propres.

Nommer le problème

C’est la première fois que dans un texte de l’ONU, on nomme les choses par leurs noms. Il est écrit qu’on doit éliminer les subventions aux combustibles fossiles et au charbon.  La science nous dit que nous devons arrêter les subventions et les nouveaux projets pétroliers et gaziers depuis très longtemps. Doit-on se réjouir que cela ait pris autant d’années pour seulement inscrire ces mots? Et au-delà des mots, nous avons besoin d’actions.

Revisiter les objectifs

L’entente de Glasgow prévoit de revisiter et renforcer les objectifs de réduction des émissions d’ici la fin de 2022. Depuis l’Accord de Paris, la révision se faisait aux cinq ans. Peut-être y a-t-il ici un espoir que les pays prennent pleinement conscience de l’urgence d’agir s’ils sont confrontés annuellement aux arguments des scientifiques et des groupes d’experts sur le climat.   Espérons-le! Nous avons besoin de changements plus profonds. La technologie ne va tout régler. Nous ne devons pas dissocier les questions sociales des questions environnementales.  Je suis persuadée que l’environnement n’est pas qu’une question technique et scientifique. Quand on parle d’environnement, cela interroge aussi nos actions individuelles et collectives. Il nous faut remettre notre mode de vie en question et diminuer nos activités polluantes et destructrices, réduire notre consommation d’énergie, nous questionner au sujet de notre surconsommation et ça, plusieurs gouvernements ne sont pas prêts à le faire.