Engagements de Justin Trudeau à la COP26 :

Ottawa, le 3 novembre 2021 Le Bloc Québécois réagit au passage de Justin Trudeau à la 26e Conférence des Nations unies sur le climat qui se tient actuellement à Glasgow. Pas si audacieuse, l’annonce d’un plafonnement des émissions du secteur pétrolier et gazier relève peut-être de la stratégie pour plaire aux pétrolières et gazières de l’Ouest, plutôt que s’attaquer au véritable problème : le plafonnement et la réduction de la production, du transport et de l’exportation des hydrocarbures qui étouffent la Terre.

Promis lors de la récente campagne électorale, le plafonnement des émissions du secteur pétrolier et gazier n’est pas un remède miracle à l’impact de l’exploitation des combustibles fossiles au Canada, comme le prétend le gouvernement Trudeau. Au contraire, cette approche risque de compromettre le véritable objectif de la transition énergétique : renoncer à tout nouveau projet de production d’hydrocarbures. Le Bloc Québécois propose donc que le gouvernement du Canada s’inspire du Québec, qui a annoncé en septembre dernier cesser toute exploration et exploitation de la filière gazière et pétrolière, en mettant fin à toute forme d’aide financière au secteur des hydrocarbures.

En revanche, le chef du Bloc Québécois, Yves-François Blanchet, reconnaît de réelles vertus à l’accord international annoncé consistant à réduire de 30% les émissions de gaz à effet de serre (2020-2030) des pays signataires, soit l’essentiel des pays industrialisés : « Faire front commun pour réduire les émissions de méthane, compte tenu de sa puissance et d’une relative facilité de mise en oeuvre, est salutaire. Il ne faut toutefois pas que cette approche serve de prétexte pour, d’une part, subventionner l’industrie pétrolière et, d’autre part, pour cacher derrière un plafonnement des émissions globales une augmentation de la production qui annulera cette même réduction. On reconnaîtrait bien là la signature libérale, mais on doit souhaiter que le ministre de l’Environnement soit ferme. »

« L’absence d’audace de la position canadienne en environnement est désolante. L’inconséquence du gouvernement s’est manifestée à de très nombreuses reprises lorsqu’il est question de réduction des gaz à effet de serre. On a qu’à penser à l’autorisation des forages exploratoires extracôtiers dans des refuges marins et au développement de l’hydrogène gris, une forme d’écoblanchiment. L’objectif de carboneutralité d’ici 2050 est complètement illusoire, d’autant plus que le gouvernement fédéral engloutit 14 milliards de dollars par année dans l’industrie pétrolière, se classant bon premier parmi les pays du G20 à ce titre », déclare pour sa part Monique Pauzé, porte-parole du parti en matière d’environnement.

Le plan gouvernemental pour réduire les émissions du secteur pétrolier et gazier mise en grande partie sur les technologies de captation et de stockage de carbone, encore au stade de la recherche et développement. En plus de se révéler extrêmement onéreuses et de compromettre la rentabilité à court terme d’une industrie accroc aux subventions, ces techniques n’ont pas les vertus auxquelles les promoteurs s’attendent et ne permettent surtout pas de soutenir la nécessaire transition vers les énergies renouvelables. À titre d’exemple, uniquement pour l’année 2020-2021, les 675 millions de dollars du Fonds de réduction des émissions serviront exclusivement à réduire les émissions de méthane produites par l’exploitation pétrolière.

« L’Alberta réclame 30 milliards de dollars en 10 ans pour décarboner le pétrole, renchérit Mme Pauzé. Si le Canada est sérieux à la COP26, il doit immédiatement rejeter le principe du pollueur-payé et dire non à cette lubie. Penser que sept milliards de dollars de l’argent des Québécois puissent être utilisés dans une manoeuvre pour acheter la paix avec l’industrie pétrolière et l’Ouest canadien est ahurissant. Le Canada doit avoir le même courage que le Québec et renoncer à tous les nouveaux projets d’exploitation des combustibles fossiles une fois pour toutes. »

Le Bloc Québécois rappelle que l’enjeu prioritaire de la lutte aux changements climatiques est d’opérer une transition énergétique juste et d’investir ainsi dans un nouveau modèle fondé sur les énergies propres et renouvelables. L’ONU a récemment dévoilé que les températures moyennes au Canada seront nettement supérieures à 2,7 degrés d’ici 2100, si le scénario des cibles actuelles ne change pas. L’Accord de Paris prévoit pourtant de limiter la hausse de température à 1,5 degré.