Repentigny, le 28 mars 2023 – Yves-François Blanchet, chef du Bloc Québécois, et Monique Pauzé, députée de Repentigny, accueillent froidement le budget déposé le 28 mars où les libéraux concrétisent leurs engagements envers le NPD pour se maintenir au pouvoir.

« Le gouvernement de Justin Trudeau et Jagmeet Singh abuse du déséquilibre fiscal, des crédits périmés et d’un système de santé sous-financé pour remplir les engagements lui permettant de se maintenir au pouvoir. Il faudra aussi surveiller de près des crédits d’impôt substantiels destinés à la transition écologique, mais susceptibles de profiter à des entreprises qui sont tout sauf écologiques, comme les pétrolières. Sans filet en cas de récession, ce second chapitre du gouvernement libéral-NPD devrait assurer sa survie immédiate, sans s’intéresser aux intérêts spécifiques du Québec ni aux demandes formulées par les intervenants socio‑économiques québécois. Il semble se ménager de la marge de manœuvre pour un budget beaucoup plus électoraliste en 2024 », a constaté M. Blanchet.

L’argent du NPD et des provinces au rendez-vous

Les demandes budgétaires du NPD en matière d’assurance dentaire et de prolongement de la bonification du retour de TPS, rebaptisé pour l’occasion « remboursement pour l’épicerie », sont comblées. Les nouvelles sommes comprises dans la décevante entente entre Ottawa, Québec et les provinces sur le financement de la santé sont aussi budgétées jusqu’en 2028. « Sans être une grande nouvelle pour les ménages québécois, certains trouveront réconfort dans ce soutien prolongé face à la hausse du coût de la vie. On dirait que le gouvernement s’est contenté de cocher les cases les plus élémentaires pour traverser une année de plus. Il faudra regarder ailleurs que dans ce document pour trouver une quelconque vision d’avenir », a signalé Monique Pauzé.

21 G$ vers une supposée transition écologique

L’autre élément-clé du budget consiste en des investissements frôlant 21 G$, essentiellement en crédits d’impôt à l’électricité propre, l’économie verte, le transport et les technologies écologiques. Cependant, Monique Pauzé indique qu’une partie de cette somme servira à extraire plus de pétrole issu des sables bitumineux.

« La soi-disant bonification du crédit d’impôt à l’investissement dans le captage, l’utilisation et le stockage du carbone (CUSC) coûtera des millions de dollars. Le CUSC est un procédé coûteux et énergivore qui n’a pas fait ses preuves sans compter qu’il émet ses propres émissions. Ce n’est pas pour rien que 100 de 149 grands projets mondiaux de CUSC ont été abandonnés. Au Canada, on veut tellement extraire jusqu’à la dernière goutte de pétrole, qu’on est prêt à dire et faire n’importe quoi. Par exemple, une pétrolière albertaine se targue d’avoir capté cinq millions de tonnes de dioxyde de carbone en quatre ans. Si l’on se fie à des recherches indépendantes, pour la même période, cette usine a émis 7,5 millions de tonnes de gaz à effet de serre, notamment du méthane, aux conséquences environnementales bien plus néfastes encore que celles du CO2 », accuse la porte-parole du Bloc Québécois en matière d’Environnement.

Le Bloc Québécois reproche qu’une partie significative de ces sommes aide des entreprises qui font déjà des profits records à polluer davantage plutôt qu’à réduire leur production et transiter vers une économie verte.

« L’impact de ces sommes non négligeables reste à déterminer. Sous forme de crédits d’impôt ou de fonds administrés par des sociétés d’État, il sera difficile de suivre au pas ces investissements et d’assurer l’imputabilité des bénéficiaires. Le Bloc sera vigilant afin d’éviter toute forme d’écoblanchiment », ajoute Monique Pauzé.

De plus, le gouvernement Trudeau fournira une aide de 5,56 milliards de dollars en crédits d’impôt sur cinq ans pour l’hydrogène propre, y compris l’hydrogène produit à partir de combustibles fossiles émettant des gaz à effet de serre. Monique Pauzé se demande pourquoi les subventions publiques ne se concentrent pas uniquement sur la production d’hydrogène sans émissions.

Les demandes du Québec omises

L’exercice financier 2023 ne répond pas aux principales demandes prébudgétaires formulées par les différents groupes d’intérêts québécois.

« Le budget ne répond que partiellement à deux demandes du Bloc Québécois. Nous soulignons le renfort dans le financement de l’éducation en français hors Québec, mais déplorons qu’il soit noyé dans un budget total incluant du soutien pour l’anglais au Québec. Des réinvestissements légers permettent d’espérer de meilleurs services à la population de la part de l’État. Autrement, sans surprise, les transferts en santé s’en tiennent au niveau insuffisant de l’entente forcée de cet hiver. Les aînés ne trouveront pas un sou de plus pour assurer leur qualité de vie. L’assurance-emploi est complètement négligée, malgré les difficultés du régime. Alors que le gouvernement aurait dû se recentrer sur les missions fondamentales de l’État fédéral en cas d’éventuelle récession, le gouvernement livre un budget faisant preuve de plus de vision pour son propre avenir immédiat que pour celui des Québécois », a conclu Monique Pauzé.