À l’aube du budget fédéral 2023, le Bloc Québécois a fait connaitre ses attentes et l’environnement est au cœur de nos priorités. L’argent doit aller à la bonne place et, pour nous, les bouleversements climatiques demandent une réponse en deux volets : l’adaptation pour améliorer la résilience de nos infrastructures publiques et l’accélération marquée de la transition verte.

Ensuite, il y a la crise climatique. Là encore, on la voit se déployer depuis longtemps, on l’a analysée sous toutes ses coutures, mais on tarde à agir. Qu’il s’agisse de l’érosion des berges ou de la multiplication des évènements météorologiques extrêmes (tempêtes, tornades, ouragans, sécheresse, glissements de terrain et incendies), les dérèglements climatiques vont exercer des pressions énormes sur nos infrastructures.

Déjà, en 2016, Ouranos, un consortium québécois de recherche sur la climatologie régionale et l’adaptation aux changements climatiques, a averti que l’érosion des côtes pourrait mettre en danger des milliers de bâtiments publics et privés, mais aussi des infrastructures routières et ferroviaires, pour des pertes totales évaluées à plus de 1,5 milliard $ au cours des 50 prochaines années.

Un fonds d’adaptation s’impose.

Plus fondamentalement, il faut accélérer la transition vers une économie carboneutre. De toute urgence, il faut rediriger les sommes investies dans les hydrocarbures vers l’économie verte : efficacité énergétique dans tous les domaines, électrification des transports incluant la transformation des minéraux stratégiques, abandon graduel du pétrole au profit des énergies renouvelables, pratiques agricoles plus durables.

Des profits indécents

En ce moment, les pétrolières profitent des crises internationales pour engranger des profits tout à fait indécents. Comment ne pas être outrée de voir que l’Association canadienne des producteurs pétroliers (ACPP) prévoit investir 40 milliards de dollars cette année dans la production de pétrole et de gaz naturel et que, malgré cela, cette industrie bénéficie des largesses du gouvernement Trudeau. En ont-ils vraiment besoin?

Malgré les belles promesses des libéraux, chaque fois que les électeurs sont appelés aux urnes, la fin des subventions aux énergies fossiles est reportée d’année en année. D’ailleurs, le Canada se situe maintenant au deuxième rang des pays du G20, qui donnent le plus de subventions à ce secteur extrêmement polluant. Ce n’est pas pour rien qu’il est même pointé du doigt à l’étranger.

J’aimerais ici rappeler au passage que, l’an dernier, lorsque nous avons appris que les coûts de l’expansion du pipeline Trans Mountain avaient passé de 12,6 G$ à 21,4 G$, le gouvernement libéral avait annoncé qu’il n’y investirait plus de fonds publics supplémentaires. Un an plus tard, les coûts sont rendus à 30,9 milliards de dollars. Selon vous, est-ce que le gouvernement Trudeau va cesser de financer cet éléphant blanc? Je ne pense pas.

Ottawa affirme qu’il agira en 2023. On pourrait lâcher un soupir de soulagement et dire… Enfin… Pourtant, il ne faut pas se leurrer. Avec le gouvernement Trudeau, le diable se cache dans les détails. Pour véritablement tenir parole, les libéraux devront non seulement cesser de financer le secteur pétrolier et gazier, mais également refuser de subventionner les projets de capture et séquestration du carbone. Pourquoi ? Parce qu’il s’agit d’une fausse solution émanant de l’industrie, qui est destinée à augmenter la production de pétrole issu des sables bitumineux.

Les politiques intérieures du gouvernement Trudeau ont toujours contribué à l’expansion des combustibles fossiles, mais nous ne baisserons pas les bras. Heureusement, l’hypocrisie du gouvernement passe de moins en moins inaperçue. Le Canada se retrouve d’ailleurs au 58e rang sur 63 pays en ce qui concerne l’indice de performance dans la lutte aux changements climatiques.

Le pire pays de l’OCDE

Pas plus tard qu’au début mars, l’OCDE publiait son analyse annuelle de l’économie canadienne et le constat est clair. Le Canada devra prendre des mesures de grande envergure s’il veut atteindre ses cibles de réduction de gaz à effet de serre.  Le graphique montrant la quantité de gaz à effet de serre émise par l’économie canadienne pour chaque dollar de richesse produite était très éloquent. Le Canada y apparait comme le pire des pays développés aux côtés de l’Australie. Ce constat est déplorable, car contrairement aux mauvais élèves que sont l’Australie, la Corée du Sud, la Pologne ou, encore une fois, les États-Unis, le Canada a l’avantage d’avoir accès à des ressources hydroélectriques lui permettant de tirer les deux tiers de son électricité des énergies renouvelables.

J’aimerais faire preuve d’optimisme, mais je suis lucide. L’argent des contribuables doit être redirigé vers l’accélération de la transition énergétique, aller vers des solutions qui fonctionnent et non pas dans les poches d’actionnaires pétroliers.

Vu l’énormité du chantier et l’urgence d’agir, le secteur financier devra faire sa part et rediriger graduellement ses investissements pétroliers vers l’économie verte. Ottawa doit amener les banques à donner un coup de barre en les forçant à intégrer les risques climatiques dans leurs investissements.

Je ne pense pas que le budget 2023 viendra changer la donne, mais nous allons tout de même talonner le gouvernement afin qu’il place la lutte aux changements climatiques au cœur de ses enjeux. Ce sont des dizaines des milliards qui pourront être rendus disponibles pour la transition verte.

Nos attentes

Voici donc les attentes du Bloc Québécois en matière d’environnement:

•             Mettre fin dès 2023 à toute forme de subvention fiscale, aux énergies fossiles ;
•             Amener le secteur financier à délaisser le secteur des hydrocarbures au profit d’investissements plus durables, en introduisant les risques climatiques dans les normes prudentielles et en rendant obligatoire la divulgation des risques climatiques dans leur portefeuille ;
•             Modifier le mandat de l’Office d’investissement du régime de pension du Canada pour prévoir des objectifs de développement durable et la sortie graduelle des énergies fossiles ;
•             Mettre en place un fonds de lutte à l’érosion des berges ;
•             Créer un programme d’infrastructures pour l’adaptation aux changements climatiques ;
•             Soutenir financièrement le virage vers une agriculture plus durable : virage vers les énergies propres, fin des pesticides néonicotinoïdes et des engrais à base d’hydrocarbures, permaculture, agriculture biologique ;
•             Financer la révision et le maintien de la norme biologique.