Dès que quelqu’un utilise le revenu disponible comme unité de mesure, méfiez-vous. Le revenu disponible, c’est le revenu après impôt. Il augmente donc quand on diminue les impôts et les services publics.

Si on abolit les CPE et qu’on revient à l’ancien modèle des garderies non subventionnées à 800 $ par mois, ‎les familles avec enfants vont être plus pauvres, mais leur revenu disponible va augmenter puisque l’abolition des CPE va probablement amener une baisse d’impôt.

Si on abolit l’assurance médicaments, on augmente le revenu disponible. En fait, la meilleure façon d’augmenter le revenu disponible de 5000 $ d’un seul coup, ce serait d’abolir l’assurance-maladie (et de baisser les impôts d’un montant équivalent). ‎Mais est-ce qu’on serait automatiquement plus riches de 5000 $?

Bref, le revenu disponible soustrait l’assurance médicaments publique à votre revenu, mais pas l’assurance médicaments privée. Il soustrait les impôts nécessaires pour payer les CPE et le système d’éducation, mais pas les coûts que vous devrez assumer s’ils sont abolis.

En prenant le revenu disponible comme mesure, je pourrais conclure que multiplier les tarifs d’Hydro par dix vous rendrait beaucoup plus riche (les profits d’Hydro feraient baisser les impôts). Mais seriez-vous vraiment plus riche? Celui qui utilise cette unité de mesure a choisi de considérer que toute présence de l’état vous rend plus pauvre. C’est mathématique, il ne peut qu’arriver à cette conclusion‎.  Et oui, il conclura que notre revenu disponible est plus bas qu’au Canada (on a l’assurance médicaments et les CPE) et qu’aux États-Unis (on a l’assurance maladie).

Ça ne mesure pas le niveau de vie. Ça ne mesure pas la qualité de vie. Ça se contente de postuler que lorsque c’est l’État qui s’occupe de quelque chose, ça nous rend pauvres et quand c’est le privé, ça nous rend riches. Augmenter le revenu disponible, c’est démanteler le régime public et pour moi, ce n’est pas comme cela qu’on bâtit un projet de société.