25e du référendum de 1995
Il y a 25 ans, le Québec hésitait tout juste ce qu’il faut pour que les manigances – connues – du fédéral permettent une victoire serrée du NON. Un écart d’à peine 54 000 voix séparait les 2 camps. Il n’aurait fallu que 27 000 votes pour changer la donne. On passait alors de 40 % d’appuis en 1980 à 49,9% en 1995. Dans mon esprit, ce ne fut pas la fin de l’idée, mais bien un moment de progression extraordinaire. Notre devoir maintenant, en tant que Québécois et souverainistes, est de continuer d’avancer et de comprendre ce qui aurait pu être fait autrement pour que la prochaine fois soit la bonne. D’ici ce rendez-vous naturel avec l’histoire, le simple fait d’évoquer ensemble notre passé est de nature à nourrir une réflexion qui, j’ose le croire, nous permettra de progresser à nouveau.
Le sondage Léger réalisé en octobre est très révélateur des sentiments qui animent les Québécoises et les Québécois. J’y ai d’abord vu l’affirmation claire d’un projet très vivant, de sa légitimité, du droit et du retour anticipé d’une conversation sur l’opportunité de nous approprier tous les attributs de la souveraineté. J’y ai ensuite lu le doute. L’incertitude quant à la capacité du Québec de se réaliser comme pays souverain. Après toutes ces années, après tous ces succès, la peur et l’incertitude habilement distillées par nos adversaires ont encore un effet. Il faut s’y attaquer de nouveau et démontrer la viabilité, voire la vitalité d’un Québec qui se voudrait prospère et écologique, qui miserait sur la création de richesse dans nos régions, sur notre innovation et nos PME et qui se développerait à partir de nos richesses naturelles et notre énergie propre.
J’ai aussi bien compris que dans ce flou où se confondent préférence et analyse, on nous répète que l’indépendance nationale n’a pas de prise chez les jeunes. Je réfute. 25 ans après la dernière campagne, près du tiers de tous les jeunes du Québec adhèrent à l’idée alors que ceux qui ont vécu le référendum le font à 40%. Cet écart donne la mesure du défi que nous devons relever. De même, si pour plusieurs générations la souveraineté faisait figure de conclusion naturelle de la Révolution tranquille, elle doit trouver ancrage autrement auprès des jeunes. Or, le Canada est un pays pétrolier – celui qui, par habitant, finance le plus le gaz et le pétrole – et le Québec sera celui où le modèle écologique de création de richesse pourra le mieux s’offrir en modèle au monde. Voilà un argument pour interpeller la jeunesse.
Quoiqu’on en dise, on parle encore d’indépendance au Québec. On pourrait le faire davantage, mais il ne s’agit pas tant de faire plus que de faire mieux. Une idée ne devient pas plus populaire parce qu’on la répète comme une incantation, mais plutôt si on l’explique et la moule sur la réalité des gens à qui on la propose. Par contre, il nous faut bien reconnaître qu’à court terme, le mouvement ne détient pas tous les outils pour relancer à sa juste valeur le débat sur la souveraineté et encore moins réaliser une consultation qui précéderait la définition même de ce qu’on veut offrir. Mais nous avons le devoir d’expliquer ce que changerait la souveraineté dans le quotidien des Québécoises et des Québécois.
Lorsque le Québec sera un pays, il se donnera de bons et de moins bons gouvernements. Il reviendra ensuite à l’histoire d’en juger. Dans l’intervalle, la jeunesse énergique du nouveau chef du Parti Québécois, le nationalisme affirmé du gouvernement de la CAQ et la présence forte du Bloc Québécois à Ottawa – ainsi que les agressions répétées du fédéral contre le Québec – plantent un décor où le Québec pourra de nouveau mettre en scène sa marche vers la souveraineté. En terminant, on ne réalise pas l’indépendance parce que l’adversaire a triché. On le fait parce que les gens qu’on aime, la culture et les valeurs qui nous forgent et la langue qui nous définit et nous berce méritent de s’épanouir en toute liberté.
Il ne faudra pas 25 autres années.