C’est en compagnie de ses collègues Marilène Gill, Mario Beaulieu, Xavier Barsalou-Duval et Gabriel Sainte-Marie que la députée Monique Pauzé s’est entretenue avec des délégués d’Unifor au sujet de la crise qui secoue les médias depuis une dizaine d’années et qui a entraîné la perte de milliers d’emplois au Canada.
« Comme vous le savez, l’espace médiatique change rapidement. Les bases économiques de nos journaux, radios et télédiffuseurs ont vécu de profondes mutations et sont lourdement affectées, ce qui fragilise l’ensemble de nos médias », a fait valoir le syndicat qui représente plus de 30 000 membres qui travaillent dans les journaux, la radiodiffusion, le cinéma, l’impression et les communications graphiques.
Unifor propose donc de colmater une brèche qui existe dans l’actuelle loi sur l’impôt. En effet, l’article 19 de la Loi sur l’impôt, qui date de 1965, doit être modifié. Cet article voulait à l’époque encourager les entreprises d’ici à annoncer dans les médias du pays mais il n’a jamais été mis à jour suite à l’arrivée du numérique et des GAFAM.
Avec cette brèche, les Google et Facebook de ce monde bénéficient du fait que l’État accorde un crédit d’impôt aux entreprises d’ici qui achètent de la publicité dans ces géants américains.
Selon UNIFOR, le rapport Miller/Keeble estime de façon conservatrice que 10% des achats d’espace publicitaire canadiens dans des médias numériques américains seraient rapatriés pour être dépensés dans des médias canadiens, ce qui équivaudrait à près de 300 millions de dollars par années pour aider à financer les nouvelles locales. Les autres achats publicitaires canadiens dans des médias numériques américains ne seraient donc plus déductibles d’impôt.
Dans le cadre de sa tournée, Unifor a aussi voulu sensibiliser les parlementaires à l’importance de voir le fédéral adopter un mode de financement visant à soutenir le contenu canadien tant au niveau des publications que sur nos écrans. « Le modèle de financement doit être repensé afin de permettre à la population d’avoir accès à du contenu de qualité, à des nouvelles qui nous touchent et à du divertissement qui reflète nos valeurs », a indiqué un représentant d’Unifor.
Très préoccupée par le fait que 43 % des emplois dans le secteur médiatique ont été perdus entre 2009 et 2015, la députée bloquiste a toujours soutenu que le Québec doit se donner le moyen de vivre dans un monde équitable où les richissimes multinationales ne bénéficient pas de passe-droits que les entreprises de chez nous n’ont pas.
Mme Pauzé rappelle qu’au terme de nombreuses consultations où il s’est, entre autres, penché sur la perte graduelle d’accès aux actualités et aux nouvelles locales et régionales qui se produisait au Canada, le Comité permanent du patrimoine canadien a remis son rapport à la ministre Mélanie Joly en juin 2017. Le Comité avait alors recommandé que la ministre Mélanie Joly étudie les structures existantes pour créer un nouveau modèle de financement qui s’appliquerait à toutes les plateformes et qui supporterait le contenu journalistique, incluant les journaux papier. Depuis, Mme Joly a été remplacée par Pablo Rodriguez, mais le dossier ne semble guère avoir évolué.
Comme le droit et la véracité de l’information sont essentiels dans une démocratie digne de ce nom, une question se pose. Où se dirige le Canada actuellement?